Cela fait un moment que je n’avais plus posté d’article sur le blog… C’est parce que j’ai pris le temps d’enquêter sur un sujet qui me tient à coeur: la recherche sur des traitements éventuels contre la maladie coeliaque!
Vous le savez certainement, à ce jour leur seul traitement efficace contre la maladie coeliaque est le régime strict sans gluten.
Avec 1% de la population mondiale atteinte de cette maladie, certaines sociétés pharmaceutiques se sont penchées sur ce « marché » et sont en train de développer des traitements alternatifs. Il y a donc de l’espoir pour le futur de nos enfants !
Dans cet article, je vous fais un résumé des thérapies en cours de développement. Avant de continuer votre lecture, si vous ne connaissez pas le mécanisme de la maladie coeliaque, je vous invite à lire la page de mon site qui le décrit, ainsi que la partie sur le diagnostic, ce sera plus facile pour comprendre la suite !
Pour rappel, je suis de formation scientifique et outre blogueuse pour grandirsansgluten, dans la vie je travaille dans la recherche dite « clinique », soit le développement de nouvelles thérapies. Je suis donc assez familière avec tout cela.
J’ai donc mené mon enquête sur les recherches actuelles qui tournent autour de la maladie coeliaque. J’en ai trouvé une soixantaine qui sont en cours de développement ou actives. Les recherches sont variées et concernent notamment des tests diagnostics pour améliorer la détection de la maladie, des études d’observations sur le lien entre maladie coeliaque et infertilité, étude de l’effet du sport sur la maladie, l’effet de certaines substances pour accélérer la rémission des villosités intestinales au début du régime sans gluten etc. Et il y en a quelques unes qui visent à développer des médicaments permettant aux coeliaques de tolérer le gluten et de pouvoir donc en manger, au moins occasionnellement. Ce sont sur ces études que je vais focaliser mon article.
Voyons d’abord comment un nouveau médicament est développé.
Les phases de développement d’un médicament
Après la phase de recherche dite « préclinique» pendant laquelle les chercheurs étudient le comportement d’une molécule choisie en laboratoire, commence une série d’études cliniques sur l’humain. L’objectif de ces études successives est de d’abord déterminer la dose tolérable de la molécule par l’humain qui deviendra la dose thérapeutique, ensuite l’efficacité de la molécule et enfin le bénéfice qu’elle apporte aux patients. La sécurité du nouveau médicament est aussi évaluée tout au long du processus.
Vous trouverez un résumé des différentes phases des études cliniques dans le tableau ci-dessous. Les phases se font l’une après l’autre, et le tout peut prendre jusqu’à plus de dix ans.
J’ai donc fait le tour des études cliniques ciblant les molécules thérapeutiques contre la maladie coeliaque. Je vais vous décrire les études de phase II et III actuellement en cours, car ce sont elles qui donneront des résultats tangibles potentiels le plus rapidement.
Les études cliniques de phase II contre la maladie coeliaque
Cinq études de phase II impliquant des molécules agissant de diverses façons sur la maladie coeliaque sont actuellement en cours. Ces molécules ont pour le moment des noms un peu barbares évoquant la société pharmaceutique qui les développent ou leur mécanisme d’action. Elles peuvent être regroupées en 3 catégories:
1. Les molécules bloquant la réaction auto-immune typique de la maladie coeliaque
- AMG-714, molécule développée par la société américaine AMGEN, pourrait être prometteuse dans les cas d’ingestion accidentelle de gluten et dans les cas de résistance au régime sans gluten (ce qui est rare mais arrive: les villosités ne « repoussent » pas malgré un régime bien suivi). C’est une molécule qui bloquerait la réaction auto-immune de la maladie coeliaque en induisant indirectement la destruction des cellules responsables de l’atrophie villositaire.
- ZED1227 est le nom de la molécule développée par les sociétés allemandes Dr. Falk Pharma & Zedira. Cette molécule agit en bloquant la transglutaminase, l’enzyme qui, en se liant au gluten, le rend reconnaissable par le corps comme un ennemi… Et déclenche ainsi la réaction auto-immune responsable de la destruction des villosités intestinales. En bloquant la transglutaminase, ZED1227 empêcherait donc le déclenchement de la réaction auto-immune. Un traitement prometteur qui permettrait aux personnes coeliaques de supporter des écarts occasionnels à leur régime sans gluten !
2. Une molécule qui couperait les molécules de gluten en fragments méconnaissables par l’organisme
La latiglutenase est une molécule développée par la société américaine ImmunogenX. Elle agit en dégradant les protéines de gluten en petits fragments qui ne sont plus reconnus comme étant du gluten par l’organisme, et deviennent ainsi inoffensifs.
Comme le ZED1227, la latiglutenase permettrait aux personnes coeliaques une meilleure vie sociale en leur permettant des écarts occasionnels à leur régime sans gluten. Ce serait déjà magnifique !
Et il y a encore mieux !
3. Les molécules induisant une tolérance au gluten : les vaccins
Les vaccins dits thérapeutiques visent à induire une tolérance durable au gluten et d’ainsi inhiber la réaction auto-immune. C’est un principe similaire à celui des désensibilisations dans les allergies (pollen, acariens…). Avec eux, les personnes coeliaques pourraient à terme manger comme tout le monde! Deux vaccins sont actuellement en cours de développement:
- le Nexvax2, développé par la société américaine ImmusanT
- le TIMP-GLIA, développée elle aussi par une société américaine, Cour Pharmaceuticals
Une étude de phase III visant à assurer l’imperméabilité intestinale faisant défaut aux personnes coeliaques
Une seule étude de phase III est actuellement en cours de développement. Elle évalue le INN-202, ou larazotide, molécule développée par la société américaine Innovate Biopharmaceuticals. Tout comme les deux premières molécules évoquées plus haut, le larazotide bloque la réaction auto-immune de la maladie coeliaque. C’est un régulateur des jonctions intercellulaires. Les jonctions intercellulaires sont une sorte de ciment entre les cellules, conférant une certaine imperméabilité à la paroi intestinale. Un intestin sain ne laisse ainsi pas passer les fragments de gluten dans sa paroi, ne causant pas de problèmes de santé. Dans la maladie coeliaque, le gluten induit un dérèglement des jonctions entre les cellules de la paroi intestinale. Ceci la rend perméable et permet au gluten d’y pénétrer, induisant une cascade de réactions menant à la réaction auto-immune et la destruction des villosités. Le larazotide, en empêchant le dérèglement des jonctions intercellulaires initial, permettrait d’éviter la pénétration du gluten dans la paroi intestinale et la chaîne de réactions subséquente menant aux symptômes que l’on connait.
L’étude n’est pas encore ouverte et devrait commencer à recruter des patients dès le mois de juin de cette année. Elle vise dans un premier temps les patients ayant toujours des symptômes intestinaux malgré leur régime strict sans gluten.
Voilà, je pense avoir fait le tour des traitements potentiels les plus prometteurs du moment! J’espère que cet article vous aura permis de reprendre espoir quant aux possibilités de votre enfant à pouvoir un jour manger comme tout le monde, au moins lors de leurs sorties entre amis ou au travail ! Il faudra encore patienter quelques années mais c’est sûr, un jour on y arrivera !
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Merci pour cet excellent article. Pourriez-vous en préciser les références ?
Bonjour, merci beaucoup ! Les références sont en hyperlien sur le nom de chaque molécule, cliquez dessus et vous tomberez sur le site principal expliquant chacun des traitements.” 😊
Merci beaucoup. Cependant, je crois que l’essai de vaccin australien s’est arrêté….
BONJOUR ? Y A T IL DU NOUVEAU DEPUIS VOTRE DERNIERE RECHERCHES ??
Mercii beaucoup pour cette revue de litterature, on doitbsupporter tous ces recherches, financierement et moralement et socialement…
Comme avec le covid, pour accelerer la recherche